Bunker – Alexandre d’Huy

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Date: novembre 12, 2021

 

Œuvres Présentées / BUNKER

Sélection de plusieurs huiles sur toile et dessins de l’artiste Alexandre d’Huy

 

Texte de présentation

Le jour où vous entrerez dans l’atelier d’Alexandre D’Huy, à Montreuil, vous ressentirez le froid, même si c’est l’été : le froid de la neige des paysages cartographiés par l’artiste, le froid du métal, le froid des blindés qu’éclaire parfois un froid rayon de lumière. Même le jaune est froid ici. Un froid qui s’insinuera entre vos omoplates et qui restera là, pendant que vous regarderez la matière peinture, pendant que vous respirerez l’odeur peinture, pendant que vibrera devant vous la couleur peinture. Et petit à petit, vous entendrez les sons : les moteurs, les cliquetis métalliques, les résonnances et les échos qui s’entrechoquent à l’intérieur des blindés, le crissement des pneus sur la neige ou le sable, le roulement des chenilles. Et l’espace extérieur à l’atelier et Montreuil tout entier disparaitront dans une brume qui vient d’ailleurs, de la guerre froide, d’un monde impénétrable.

 

Alexandre D’Huy est aussi déterminé que peut l’être la guerre. Il ne parle pas de sa peinture, il peint. Aucun artifice, aucun simulacre, aucune élaboration autocritique, aucun discours conceptuel ni théorique ne troublera votre regard. L’œuvre est là par nécessité. Elle est une évidence. Voilà un peintre à qui nul n’est besoin de demander « Pourquoi la peinture ? » tant est puissante l’adéquation entre le sujet et la palette. Non pas qu’Alexandre D’Huy n’ait rien à dire de son travail – mais l’œuvre prime sur le discours. C’est l’œuvre elle-même qui tient le discours dont le spectateur a besoin pour la pénétrer.

 

La nécessité de créer ? Pour qui, pourquoi ? Elle est toujours, en premier lieu, nécessité́ pour celui qui la réalise. Alexandre D’Huy ne peint pour personne d’autre que lui-même. Les visiteurs qui viennent jusqu’à̀ Montreuil sont bienvenus, mais ils ne sont pas indispensables au peintre. Il a peint pendant des années dans le désert que creusent autour d’eux ses blindés.

 

Dans cet hiver du sentiment, l’abstraction nous fait signe déjà, Paul Klee n’est pas loin, et un jour, émergera la figure humaine, traversant la matière généreuse qui enfouit très loin la surface de la toile. On devine la foule. Mais d’ici qu’elle ne fasse son apparition, Alexandre D’Huy – les pinceaux et spatules d’Alexandre D’Huy –, ont à poursuivre encore leur corps à corps « blindé ». Le travail continue. Cette peinture sait où elle va : à l’essentiel. Sa beauté est puissante, son accumulation une nécessité́ elle aussi. Il faut suivre ce peintre-là̀, celui des blindés, jusqu’au bout, ce sera tout aussi essentiel. Mais il est bon de savoir que lorsque le dernier blindé aura quitté́ Montreuil, les pinceaux ne se reposeront pas. La chaleur se prépare elle aussi, au fond du pot de térébenthine, entre les mains et dans l’esprit du peintre qui venait du froid.

 

Copyright & Courtesy

© Alexandre d’Huy

Courtesy of the artist and Analix Forever

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